Le 1er novembre 1954, en Algérie, dans le sud Constantinois, sur une route de montagne conduisant à Arris, bourgade dont la France a fait le centre administratif de l’Aurès, trois corps sont étendus. Le premier, sans vie, est celui de Guy MONNEROT, 23 ans, instituteur français dans un bled de l’Aurès depuis un mois, comme son épouse, 21 ans, elle aussi gisante à terre mais survivante. Le troisième est le cadavre du caïd BEN SADOK. Ce notable musulman se trouvait dans le même car que le couple MONNEROT, arrêté en cours de route sur injonction d’un groupe armé qui ordonna aux deux jeunes Européens de descendre. Pour éviter une suite tragique, le caïd s’interposa en suppliant les révoltés de ne pas assassiner ce couple venu enseigner les enfants des Aurès. La réponse fut une rafale qui tua le caïd et l’instituteur et blessa l’institutrice, laissée pour morte.
Le 1er novembre 2024, le Président de la République publia un communiqué marquant « le 70ᵉ anniversaire de l’insurrection du 1er novembre 1954, qui ouvrit la guerre d’Algérie et s’acheva par l’indépendance de l’Algérie ». Poursuivant, énonce ce communiqué, « le travail de vérité », le chef de l’État reconnaît que Larbi BEN M’HIDI, héros national de l’Algérie, l’un des six dirigeants du FLN qui lancèrent l’insurrection du 1er novembre 1954, a été exécuté par des militaires français placés sous l'autorité du commandant AUSSARESSES.
Ce geste, magnifiant un dirigeant du FLN qui utilisa pourtant la terreur de masse, notamment pendant la bataille d’Alger, peut être considéré par son auteur comme une démarche réconciliatrice envers l’Algérie. En revanche, le silence du président MACRON sur les premières victimes de l’insurrection, un musulman et deux métropolitains, unis fraternellement par un hasard meurtrier, est un outrage pour la France et ses enfants d’outre-Méditerranée, les rapatriés. Cet outrage est d'autant plus vif que le pouvoir algérien se refuse, depuis l’origine, à tout geste équivalent.
Paris, le 4 novembre 2024
Le Président de la MAFA
Jean Félix VALLAT
Le communiqué en PDF:
Communique sur Ben M'Hidi et les époux Monnerot