courrier des lecteurs

29 septembre 2018 - Lettre de Mme Simone Gautier, veuve d'un officier tombé sous les balles FLN à 28 ans, à Mr Emmanuel Macron

Par Le 29/09/2018

Nous vous communiquons la lettre de Mme Simone Gautier à Mr Emmanuel Macron.

 

 

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Objet : Affaire AUDIN / Affaire 26 mars 1962

 

Monsieur le président de la République,

 

Dans « l’affaire AUDIN », comme disent les journalistes, le corps du « disparu »,  n’a pas été retrouvé. Mais ce n’est pas un inconnu…

Dans « l’affaire du 26 mars 1962 », les corps sont retrouvés, massacrés, mélangés certes, les chairs éclatées, jetés en vrac à la morgue de l’hôpital Mustapha, mais « ils » sont là.

Dès leur arrivée, ils furent dénudés et rendus bien propres, bien lavés de tout ce sang, bien rangés les uns sur les autres, sur les tables et même parterre, bien alignés… les familles cherchant le sien, tirant par les pieds quand il en restait, hurlant en découvrant le visage fracassé… C’est vrai qu’au début on pataugeait dans le sang.  Et tout ce sang sur soi reste indélébile…

Par rapport à la disparition d’AUDIN, il est vrai : quelle « chance » pour les familles ! Ces corps étaient là, pas entiers, certes, mais bien là ! Les ambulances, déjà sur place, avaient fait du bon travail. Du « bonheur » en somme malgré nos pleurs et nos cris !...

Et l’Etat français, sans doute par compassion devant cette douleur, jeta à la rue, en pleine nuit, hors de l’hôpital, abandonnant leur mort, ces familles, dont je faisais partie. Quel mépris ! Quelle honte !...

Alors que chacun était si « heureux » d’avoir récupéré « son mort » et de finir la nuit près de lui, les corps furent aussitôt mis en bière, dans la pesanteur angoissante du « couvre-feu » et dans une interdiction absolue de toute présence familiale. C’était –paraît-il- afin « de nous épargner cette douleur »… par charité chrétienne sans doute !...

Ces cercueils plombés furent dispersés en catimini dans les différents cimetières de la ville et les familles, désemparées, couraient dans tous les sens pour retrouver « son mort », esseulé, séquestré dans une boîte posée là, au milieu de nulle part… Il y avait un nom sur une étiquette : c’était « à prendre ou à laisser ! »… Personne ne savait si la dépouille qui se trouvait dans cette boîte au fond d’un trou hâtivement creusé de nuit, était bien « son mort »…

Dans la tragédie du 26 mars 1962, on a fait disparaître les morts !

Depuis lors, le temps a passé mais la blessure demeure… « L’affaire du 26 mars » (comme l’appellent les médias) demeure enfouie sous une chape de plomb. C’est le grand silence de l’Etat complice… Le déni de justice qui, depuis 56 ans, recouvre la France d’une honte indélébile…

Cette « affaire » serait-elle d’une toute autre dimension que l’affaire AUDIN ?... Les 80 morts de la rue d’Isly auraient-ils moins d’intérêt à vos yeux que celui d’un traitre à sa Patrie ?

« L’affaire AUDIN » aura, néanmoins, suscité ma quête de la Vérité… Je  voudrai savoir, enfin, qui se trouve dans cette boîte devant laquelle je m’agenouille…

Un 26 mars 1962, mon mari, ancien officier du Commando de Marine Trepel est tombé sous des balles françaises. Il n’avait que 28 ans. Je n’ai guère eu le temps de lui dire « adieu »…Je n’ai pu lui crier mon amour… lui dire qu’il vivra éternellement dans mon cœur meurtri… lui donner mon dernier baiser… Cela vous parle-t-il Monsieur Macron ?

Alors je veux savoir avant que mes yeux ne se ferment, sur la tombe de qui, chaque année, je dépose mes fleurs en étouffant mes pleurs et mes cris…A cette fin, je sollicite qu’une autorisation me soit accordée afin de réaliser une recherche A.D.N.

En vous remerciant pour votre aimable obligeance, je vous prie d’agréer, Monsieur le président de la République, mes respectueuses salutations.

 

Simone Gautier
14 Avenue de France
06400 Cannes
04 93 43 28 97
simone.gautier@yahoo.fr
www.alger26mars1962.fr

5 mai 2018 - Les curieux syllogismes de Pierre Daum par Danielle Pister-Lopez

Par Le 05/05/2018

Courrier de Danielle Pister-Lopez, Agrégée de Lettres - Maître de Conférence émérite des Universités, Université de Lorraine (site de Metz) - Présidente de l’Amicale des Pieds-Noirs de Moselle - Vice-présidente du Cercle algérianiste du Grand-Est, envoyé à la presse pour recadrer les assertions de Pierre Daum (article du 10 avril dans  l’Est Républicain).

 

Courrier de Danielle Pister-Lopez : 2018 05 05 les curieux syllogismes de pierre daum2018-05-05-les-curieux-syllogismes-de-pierre-daum.pdf

Article de Pierre Daum : 2018 05 05 daum rl 10 avril 300 dpi2018-05-05-daum-rl-10-avril-300-dpi.pdf

Témoignage de Simone Gautier

Par Le 17/06/2016

Nous avons reçu un témoignage émouvant de Simone Gautier en mémoire aux "poilus" morts à Verdun dont beaucoup étaient pieds noirs, d'origine européenne ou musulmane. Nous vous invitons à en prendre connaissance.

Courrier de M. Gérard Benedetti, maire honoraire de Le Temple sur Lot

Par Le 10/05/2016

Cher ami,

Votre aimable pensée me touche agréablement : je vous en remercie très vivement et, j'ai plaisir à vous présenter, à mon tour, mes meilleurs voeux de bonne et heureuse année 2016. De surcroît, j'apprécie votre délicatesse de m'avoir communiqué le bulletin d'information ayant à trait à l'Assemblée Générale de la MAFA qui s'est tenue le 13 novembre dernier à Carcassonne.

 

Je l'ai lu avec beaucoup d'intérêt pour en conclure, hélas, qu'aucune de nos revendications ne seraient accueillies favorablement, tant que le Pouvoir serait entre les mains de ceux qui gouvernent actuellement notre Pays.

 

Pour s'en convaincre, il suffit de lire d'une part la réponse, en date du 30 Avril 2012 que vous adressait déjà à cette époque le candidat HOLLANDE et d'autre part celle du 28 août 2015 que vous a fait parvenir le Secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants et de la Mémoire. Ces deux lettres dépourvues du moindre humanisme au regard de la tragédie dont nous fûmes victimes - si ce n'est dans celle du Candidat HOLLANDE, une timide allusion au fait que "la France n'a pas su alors qu'aurait dû, se préoccuper activement du sort de Français d'Algérie..." - n'apportent aucune visibilité quant à une réelle prise en considération de nos légitimes revendications. Pour ce pouvoir nous ne sommes que les justes victimes expiatoires de la Colonisation - qu'il abhorre - mise pourtant en oeuvre par la France et glorifiée par elle jusqu'en 1958. Il n'y a donc rien attendre de sa part. Il faudra par conséquent miser sur l'alternance, si tant est qu'elle se produise, pour espérer voir progresser nos légitimes attentes. Mais pour autant, vos actions n'en sont pas moins utiles pour rappeler notre existence ...... "sous perfusion", de même que les carences - le mot est faible - de l'Etat par rapport aux engagements pris par lui envers nous à l'époque de notre exode, sans espoir de retour sur notre terre natale. Pire ainsi, que les réfugiés qui envahissent maintenant notre Pays qui les accueille à bras ouverts et ... bourse déliée. Comme l'avait déjà si bien décrit Jean RASPAIL en 1973, danns un remarquable ouvrage prémonitoire intitulé "le camp des saints" à lire aujourd'hui.

 

Quoi qu'il en soit, encore faudrait-il diriger désormais nos actions vers la prochaine élection Présidentielle et interroger les Candidats, déclarés ou supposés, de toutes les droites, quant à leur positionnement par rapport à notre droit à une juste indemnisation des biens spoliés dans l'irrespect des dispositions des accords d'Evian ; notamment une juste indemnisation de ceux agricoles qui constituent le fondement de notre Maison. Or, je cherche en vain dans les motions adoptées lors de l'AGO du 13/11/2015 le rappel de ce principe fondateur et je le regrette vivement. Je suis convaincu que pour être pris en considdération par le pouvoir, quel qu'il soit, nous devons sans affirmer sans ambages nos valeurs et rapperler que nous restons, somme tout, "la Maison du Colon et... des Colons"... qui ne sont pas encore tous disparus...

 

Enfin, c'est avec une très grande tristesse qu'à la lecture de votre bulletin j'ai appris la disparition de mon ami Germain CLAUZIER. Ensemble et avec Gilbert CAUSSE, puis plus tard avec Jean-Pierre BURGAT, et SEROIN, nous fûmes naguère à la pointe de tous les combats qui aboutirent alors à quelques résultats positifs en faveur des rapatriés. De "la mare nostrum" qui baignait nos rives, de cette mer dont nous sommes les enfants, il avait hérité des qualités fortes qui ont forgé notre histoire : la persévérance, le sens du devoir et de la mission, la droiture et l'honneur. Avec sa disparition, c'est donc l'une des figures les plus marquantes et les plus attachantes de la MAFA qui s'en est allée. Tardivement, mais non moins sincèrement, je m'associe, les larmes aux yeux, le coeur serré, aux condoléances que vous avez exprimées à son épouse, auprès de laquelle je vous serais très obligé d'être l'interprète de mes sentiments particulièrements émus.

 

Je vous prie de croire, cher Ami, en mes sentiments cordialement fidèles.

 

Gérard BENEDETTI