21 janvier 2008 - Liberté de recueillement et de mémoire

Par Le 21/10/2015

Dans Revendications morales

"Flux et reflux. La souffrance et la haine sont sœurs.

Les opprimés refont plus tard des oppresseurs"

Victor Hugo – Les misérables

En 1964, à Caen, l’installation de la statue de Jeanne d’Arc, rapatriée d’Oran, suscitait une polémique qui conduisait le Préfet du Calvados à envisager d’interdire la cérémonie d’inauguration. Seule la fermeté du Maire le faisait reculer, le Préfet s’abstenant simplement d’être présent ou représenté à cette événement qui se déroulait en définitive dans le calme et la dignité.

En 1966, à Angers, le Préfet du Maine et Loire allait plus loin encore et interdisait un dépôt de gerbe à la mémoire des victimes de la fusillade du 26 mars 1962, rue d’Isly.

Au fil des années, les esprits se calmaient et la tolérance s’installait progressivement. Un peu partout en France, des monuments commémoratifs d’hommage aux victimes étaient érigés, à l’initiative de personnalités, de municipalités, d’associations ou de groupements soucieux de pérenniser le souvenir et de rechercher un lieu de recueillement. C’est ainsi, par exemple, qu’en 1968 le Monument aux Morts de Bougie était réinstallé à Bordeaux, au cimetière des Chartreux.

Un peu partout, des messes, des cérémonies de recueillement étaient organisées autour de la tombe de tel ou tel combattant tombé pour son attachement à l’Algérie Française. Jamais le moindre incident ne troublait ces rassemblements.

Or, à partir de 2005, un revirement dans l’attitude des Autorités était enregistré. Sous la pression d’organisations connues pour leur engagement militant actif, bénéficiant de certains relais médiatiques, l’inauguration d’un premier monument à l’intérieur d’un cimetière, à Marignane, était interdite par le Préfet des Bouches du Rhône. Dès ce moment, d’intoxications en amalgames, des provocations naissaient, des menaces étaient proférées. Selon la personnalité des Préfets certaines interdictions se renouvelaient, telle la mesure désastreuse prise en ce sens par le Préfet de Police de Paris, le 5 juillet 2006.

 

Nous demandons que soit mis fin aux effets douloureux de cette multiplication de calomnies et de mesures répressives d’un autre temps.

Nous exigeons des Pouvoirs publics qu’ils assurent la liberté de recueillement autour des tombes et monuments funéraires à laquelle ont droit les familles, les proches, les amis et les fidèles, quelles que soient les circonstances qui ont entraîné la disparition de l’être auquel elles demeurent légitimement attachées. Le droit au recueillement constitue une liberté fondamentale et doit être respecté comme tel.

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