1962 – L’exode oublié d’un million de Français

Le 13/07/2025

Dans L'actualité de la MAFA

En quelques mois, fuyant les violences, près d’un million de personnes ont quitté l’Algérie, contraintes à l’exil. Ce furent des Français d’Algérie, juifs, harkis, européens venus de toute la Méditerranée.
Ce fut un peuple arraché à sa terre natale.

Une valise. Un départ à la hâte. Un aller simple.
En 1962, les Accords d’Évian promettaient la sécurité des personnes et des biens. La réalité fut toute autre :
– Plus de 5 000 civils européens furent assassinés au cours de la guerre d’Algérie dont 1.700 enlevés portés disparus, principalement après le soi-disant cessez le feu officialisé par les accords d’Evian le18 mars 1962.
– Des dizaines de milliers de harkis furent massacrés
– Le massacre du 26 mars 1962, rue d’Isly à Alger, vit l’armée française tirer sur des civils français, faisant 48 morts et une centaine de blessés.
– Le 5 juillet à Oran, des centaines d’Européens furent tués dans une ville livrée au chaos
– 772 600 rapatriés fuirent l’Algérie entre mars et septembre 1962, souvent dans le silence et l’indifférence
– 562 militaires ont été enlevés (https://lnkd.in/e-TyuTtk)

Une tragédie annoncée.
Dès 1959, lucide, le général de Gaulle pressentait l’ampleur du drame à venir :
« La sécession où certains croient trouver l’indépendance… serait un aboutissement invraisemblable et désastreux. La sécession entraînerait une misère épouvantable, un affreux chaos politique, l’égorgement généralisé… Il va de soi que ceux des Algériens de toutes origines qui voudraient rester Français le resteraient de toute façon, et que la France réaliserait, si cela était nécessaire, leur regroupement et leur établissement. »
— Charles de Gaulle, 16 septembre 1959
Mais dès 1961 le même Charles de Gaulle trahit brutalement ses engagements vis-à-vis des français d’Algérie. Ce fut la valise ou le cercueil.
L’exode fut brutal, désordonné.
Le rapatriement, improvisé.
Les Français d’Algérie et Harkis, abandonnés.

"On vous a brocardés en profiteurs, en exploiteurs, en voleurs. On vous a craint en propagateurs de guerre. Souvent, vous n’avez été ni compris ni acceptés. Vous avez connu cette double peine : devenus indésirables en Algérie, vous avez parfois eu le sentiment de l’être en France."
— Emmanuel Macron, 26 janvier 2022

À Marseille, Montpellier, Béziers, Nice, les centres débordaient.
Des familles s’entassaient à dix dans un garage, logées dans des casernes ou des internats vides.
Le travail manquait, le déclassement s’installait, la nostalgie rongeait.

Cette mémoire peine encore à trouver sa juste place dans notre récit national. Un travail de longue haleine que les associations de rapatriés perpétuent.
 

Une population abandonnéeCitations d'hommes politique