Oran, 5 juillet 1962

Alors que l’Algérie vient d’accéder à l’indépendance le 4 juillet, Oran — ville marquée par les tensions OAS/FLN — devient, ce 5 juillet, le théâtre d’un massacre ciblé et sauvage.
Ce jour-là, des appels à la réconciliation cohabitent avec une volonté symbolique d’effacer 132 ans de présence française.
La veille, le GPRA appelle à manifester massivement, malgré l’interdiction initiale du capitaine Bakhti, chef du FLN d’Oran .
Le Général Katz, commandant une division de l’armée française à Oran, forte de 18.000 hommes est informé. Il pense que seuls les quartiers musulmans seront concernés. Il se trompe.

Le massacre
▪️ Dès 8h du matin, des cortèges partent de Medioni, Lamur et Ville-Nouvelle pour rejoindre le centre européen.
▪️ À 11h30, une fusillade dont l’origine est inconnue éclate. La panique s’installe.
▪️ En quelques minutes, une chasse à l’Européen s’organise dans le centre-ville.
Des civils sont abattus, d’autres frappés à mort. Des centaines d’enlèvements ont lieu dans la journée.

L’armée française… n’intervient pas
Le Général Katz, bien qu’informé, applique les ordres de non-intervention donnés depuis Paris. Les gendarmes ne patrouillent qu’à partir de 18h45.
Mais certains officiers agissent avec leurs hommes selon leur conscience :
▪️ Le Capitaine Croguennec, du 2e Zouaves, sauve 200 civils réfugiés au commissariat.
▪️ Le Lieutenant Rabah Khellif, du 30e BCP, intervient pour libérer plusieurs centaines de personnes devant la préfecture.
▪️ Le 8e RIMA et le 67e RI protègent et exfiltrent des civils isolés.

Un drame silencieux
▪️ De nombreux Européens furent conduits au Petit-Lac, où ils furent massacrés dans des conditions atroces.
▪️ Les photos aériennes révélèrent des fosses communes contenant entre 300 et 400 corps.
▪️ À la morgue, les corps mutilés étaient souvent méconnaissables.
▪️ La presse française couvre à peine l’événement. Aucune reconnaissance officielle, aucune commémoration nationale. Pour la France, les massacrés d'Oran demeurent encore à ce jour des victimes importunes.
Comprendre l’histoire, c’est aussi regarder en face ses silences.
