[REPORTAGE] À la rencontre des pieds-noirs descendants de disparus d’Algérie.
A l'occasion des commémorations du 5 juillet 1962, le journaliste de Boulevard Voltaire Jean BEXON est venu réalisé un reportage sur le plus grand massacre dont furent victimes les Français d'Algérie.
Interviewé, le président de la MAFA, Jean-Felix VALLAT, y livre son témoignage.
La scène a des airs de Va, pensiero, cet opéra où Verdi exprime la mélancolie du peuple hébreu chassé de leur Terre promise. « C’est nous les Africains qui revenons de loin », entonnent une centaine de pieds-noirs, à savoir les anciens Français d’Afrique du Nord, devant le Mémorial national de la guerre d'Algérie (Paris VIIe). Les participants à ce recueillement ont en commun d’avoir connu le rapatriement et la perte de proches, dans le contexte de l’indépendance de l’Algérie. Certains présents ont été témoins du terrible massacre d'Oran, perpétré le 5 juillet 1962.
C’est le Groupe de recherche des Français disparus en Algérie (GRFDA) et la Maison des agriculteurs et des Français d’Afrique du Nord (MAFA) qui était à l’initiative de cette cérémonie à laquelle nous étions invités, ce 5 juillet 2025.
« Le 5 juillet 1962, à Oran, il y a eu une chasse aux Européens. Les Algériens ont fait une fête pour leur indépendance, et elle a viré au drame. Il suffisait d’être Européen pour être massacré », détaille, au micro de BV, Jean-Félix Vallat, président de la MAFA et fils de disparus, venu avec ses enfants et petits-enfants. « Le drame des Français disparus en Algérie a été occulté pendant près de 50 ans », constate-t-il amèrement.
Au fil des échanges, ce qui marque, c’est la pudeur des témoignages face aux souffrances subies et tues durant des décennies. « Le seul souvenir de mon père, c’est en 1956, c’est un au revoir, puis il a disparu », nous confie Marie-Thérèse Pic, née au pays des orangers. Telle est l’âme pied-noir, une résilience sur plus d’un demi-siècle, résilience qui lui joue, hélas, des tours. « J'ai voulu faire un dossier pour être reconnue victime de guerre, mais la commission a déclaré que, comme je n’avais pas de problèmes psychologiques, je ne pouvais être reconnue comme telle », déplore à notre micro une autre femme qui a perdu ses parents à Oran.