Décès de Monseigneur Pierre Boz
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19 mars 2013 - Les chrétiens d'Afrique du Nord et leurs amis en deuil
Le 22/10/2015
Dans Actualité de la MAFA
PIERRE BOZ
Né à Fontanelle en Italie, Pierre Boz est entré jeune chez les Pères Blancs. Il a été novice à Maison-Carrée prés d’Alger, puis étudiant en théologie à Thibar (Tunisie). Ces années firent de lui un fin connaisseur du coran, longuement étudié dans le texte afin de s’initier à l’arabe régulier. Par ses recherches et son enseignement, il restera attaché au dialogue entre les religions monothéistes. Renonçant à être missionnaire, il s’est rapproché de l’Eglise grecque–catholique melkite de langue arabe.
Pierre Boz a été ordonné prêtre en 1950 pour le diocèse patriarcal grec catholique de Damas.
Il a été touché par le drame vécu par toutes les communautés d’Algérie jusqu’aux massacres à Oran le 5 juillet 1962. Il a fait ensuite partie de la mission interministérielle aux Rapatriés. Jusqu’à sa mort il a œuvré pour qu’on n’oublie pas les disparus, victimes de ces situations de guerre, et plus d’une fois il s’est levé pour aller les rechercher sur le terrain.
En tant que Père Blanc il a vécu à Jérusalem auprès de l’église Ste-Anne et dans les pays arabes environnants (Syrie, Jordanie, Liban). Établi à Paris depuis le début des années 1970, attentif aux Kabyles chrétiens qu’il avait côtoyés en Algérie dès 1954, il a aussi entretenu des relations fortes et suivies avec toutes les Eglises non latines, qu’elles soient Melkite, Copte, Chaldéenne ou Ukrainienne … A l’Archevêché de Paris, il eut en charge dès les années 1980 les relations avec l’Islam, puis avec les Eglises d’Orient, conforté en cela en 1993 par sa position d’exarque du patriarche d’Antioche et tout l’Orient en France. Il a été curé de la paroisse grecque-melkite St Julien le Pauvre (2000-2001). Il a par ailleurs exercé à partir de 1989 un ministère pastorale à St-François d’Assise et à la chapelle Ste-Colette puis à St Joseph-Artisan, puis (1992-2013) à la chapelle St-Dominique St-Matthieu.
En 1981 il fut parmi les pionniers de Radio Notre-Dame. Pour aider immédiatement des personnes en difficulté extrême, il a créé l’émission « Grain d’espoir » que des milliers d’auditeurs ont écoutée pendant plus de 17 ans. Une Fondation en est issue qui, sous le même nom, aide des étudiants sans grandes ressources en les logeant à Paris pour de courts séjours de recherche.*
Intransigeant amoureux de la liberté, Monseigneur Pierre Boz a offert à tous ceux qui l’ont rencontré les ressources inépuisables de son cœur et de son esprit. La République Française l’a distingué en l’honorant du grade d’Officier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur. Il s’est éteint dans sa quatre-vingt huitième année, au terme d’une riche existence.
Il continuera certainement à vivre longtemps dans la mémoire émerveillée de tous ceux qui ont connu cet homme réellement exceptionnel.
Que Dieu accueille ce Bon pasteur dans sa paix et dans sa gloire.
*contact : nicole.beriou@free.fr
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Monseigneur Pierre BOZ a été inhumé à Paris, au cimetière du Montparnasse, dans la « Chapelle des XII Apôtres » fondée par le Cardinal Lustiger pour accueillir la sépulture des prêtres de Paris.
Lien : retrouvez la cérémonie des obsèques
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Monseigneur Pierre Boz a accompli ce qu’il disait par mille gestes.
Ceux qui souhaitent contribuer à la continuation de son engagement peuvent adresser des dons à l’Association « Grain d’espoir ». Ils seront intégralement affectés à l’accueil de chercheurs, stagiaires, universitaires et étudiants venant de province ou de l’étranger, sans grandes ressources personnelles ou professionnelles, mais amenés à séjourner pour quelques jours ou quelques semaines à Paris ou dans la région parisienne, pour une recherche de document, la participation à un stage ou à un colloque, ou la rencontre avec un professeur. « Grain d’espoir » est une association française régie par la Loi 1901, a but non lucratif et non confessionnel (J.O. du 12 octobre 1984)
Compte bancaire Société Générale (Agence Paris Pont Neuf, 16 rue du Pont Neuf, Paris 1er) 30003 03100 00037261357 96
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Funérailles de Monseigneur Pierre Boz, exarque patriarcal des melkites catholiques,
dans la chapelle Notre-Dame du Val-de-Grâce à Paris, le samedi 23 février 2013
Accueil
par le Père Emmanuel Dollé, o. p., recteur de Notre-Dame du Val-de-Grâce
Nous sommes rassemblés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Seule ma qualité de recteur du Val de Grâce et d’aumônier de l’hôpital voisin m’autorise à vous accueillir dans cette belle, dans cette très belle église.
Nous sommes rassemblés ce matin dans la mémoire d’un homme peu commun, d’un homme rare par sa quête intellectuelle et religieuse, quête qui aurait pu en faire un homme seulement extrêmement cultivé, mais qui a eu cette chance de vivre dans la foi ce que son travail et son intelligence lui permettaient de rassembler et de glaner. Connaisseur attentif de ce qu’on appelait l’Afrique du Nord, de ses richesses de populations, de ses différentes traditions, de ses multiples adhésions religieuses ; bien sûr connaisseur du Christianisme, mais aussi gouteur de l’Islam ; homme d’ouverture et d’accueil aux différentes traditions des Eglises orientales (la diversité de notre assemblée ce matin reflète l’accueil dont savait faire preuve avec esprit et avec cœur), homme de convictions, homme de communication – 17 ans à Radio Notre Dame, et peut-être des choses moins spectaculaires mais combien plus profondes… C’était un homme de fidélité, d’une très grande fidélité, c’était un homme d’une extrême générosité, dont son appartenance à l’Ordre hospitalier de Saint-Lazare peut être un signe.
Si tout à l’heure vous faites attention à cette splendide page de l’évangile de Jean que nous entendrons, vous remarquerez peut-être qu’à un moment, Jésus dit soudain en parlant de Lazare « notre ami Lazare ». – Notre ami Lazare : et je crois qu’aujourd’hui nous sommes nombreux à penser « notre ami, Monseigneur Pierre Boz ».
Ce qui dans ces phrases pourrait sembler mâtiné d’orgueil est pourtant de la reconnaissance et ce matin nous avons le devoir de rendre grâce d’avoir rencontré un tel frère sur le chemin de nos existences.
Surtout nous sommes là pour le confier à la tendresse miséricordieuse du Christ. Y aurait-il quelque chose dans nos vies dont nous pourrions dire ou nous imaginer que cela nous obtiendrait la contemplation éternelle de l’Amour de Dieu ? Certainement pas ! C’est le Christ, c’est le Christ incarné, vivant sa condition humaine jusque dans la mort, c’est le Christ qui nous ouvre les portes de la Résurrection ; c’est cela le Salut. La mort ne nous confronte pas à ce que certains pensent être un jugement où nos mérites pourraient peut-être triompher. Nos morts nous font entrer dans le mystère de la Résurrection.
Ce matin nous sommes aussi dans cette église pour confier nos larmes au Seigneur. La foi et la peine ne sont pas incompatibles.
Je vous invite à prier pour notre frère,
à prier les uns avec les autres,
à prier les uns pour les autres,
pour que ce Sauveur nous fasse tous accéder à l’éternité de son salut.
Message de Sa Béatitude Gregorios III, patriarche grec catholique melkite,
lu par Mgr Charbel Maalouf, curé de Saint-Julien-le-Pauvre et exarque patriarcal pour la France
Protocole n° 81-2013 – Damas, le 20 février 2013
Cher Père archimandrite et exarque Charbel,
C’est avec peine que j’ai appris la mort du cher Monseigneur Pierre Boz. Il fut pendant de longues années un dévoué prêtre de l’Eglise grecque melkite catholique, membre du clergé patriarcal, notamment à plusieurs reprises au service de notre paroisse de Saint-Julien-le-Pauvre ainsi que chargé par l’archevêché de Paris d’un difficile apostolat auprès des catholiques kabyles.
Mon vénéré prédécesseur le Patriarche Maximos V l’avait nommé archimandrite puis exarque patriarcal.
Il était aussi mon représentant personnel auprès de Son Altesse Royale le prince Charles-Philippe d’Orléans duc d’Anjou, au sujet de l’ordre de Saint-Lazare-de-Jérusalem dont il était chapelain.
Enfin je voudrais rappeler son livre remarquable publié en 2007 : Une fin des temps. Fragments d’histoire des chrétiens en Algérie, qui est un témoignage important, spécialement au sujet du dialogue islamo-chrétien.
A l’occasion de ses funérailles le 23 de ce mois, je vous prie de transmettre mes sincères condoléances à ses proches.
Avec mon affectueuse bénédiction apostolique,
Gregorios III, Patriarche d’Antioche et tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem
Prière universelle
composée par le Père Hyacinthe Destivelle, o.p.,
curé de l’église paroissiale Sainte-Catherine de Saint-Pétersbourg
Pour les chrétiens d’Orient, afin que leur présence fragile sur la terre où Dieu s’est incarné ne cesse jamais d’y témoigner du Prince de la paix, prions le Seigneur
Pour les réfugiés, exilés et déportés, pour tous les expatriés ou rapatriés, contraints de quitter leurs proches, leurs terres et leur biens, afin qu’ils trouvent sur leur route d’infortune de Bons Samaritains et jamais ne désespèrent, prions le Seigneur.
Pour tous les ouvriers de paix et artisans d’unité, notamment dans le monde arabe, afin que l’Esprit saint ne leur fasse jamais défaut dans leur service de la réconciliation, prions le Seigneur.
Pour la famille et tous les proches de Mgr Pierre Boz, pour que le Seigneur ressuscité essuie toutes larmes de leurs yeux, Lui qui nous dit que son ami Lazare n’est pas mort, mais qu’il dort, prions.
Pour les aumôniers, les médecins et tout le personnel soignant de l’hôpital du Val-de-Grâce, et aussi pour tous les malades, prions le Seigneur Jésus, médecin des âmes et des corps.
Témoignage spontané
de Monseigneur Claude Frikart, ancien évêque auxiliaire de Paris, concélébrant
J’ai travaillé une quinzaine d’années avec Pierre Boz. Je voudrais simplement témoigner de son courage, de son courage dans son travail qui n’était pas facile, de sa foi, et aussi de cette charité qui l’habitait. C’est un simple témoignage que je voulais porter avec mon amitié et la prière que nous portons tous pour Pierre Boz, afin que le Seigneur l’accueille, alors que lui s’est préparé toute sa vie pour justement être obéissant au Seigneur et servir les plus pauvres, ce qui a été aussi une des activités du Père Boz.
Merci, Pierre…
Témoignages
Madame Danielle Passebois-Paya,
Amicale des Anciens Scouts et Guides d’Oranie
Père,
C’est ainsi que nous vous avons toujours appelé, car vous étiez notre père spirituel. Et nous, Guides de France en Oranie, vous nous appeliez vos « filles ».
L’annonce de votre disparition a été pour chacune d’entre nous un choc terrible, et nous restons hébétées. Vous avez été tellement présent pendant notre vie scoute ! Avec Jacqueline Cheula, notre responsable de toutes les Compagnies d’Oranie, vous avez organisé pendant des années, nos camps en métropole, avec maestria et beaucoup de générosité. Vous avez su donner à ces messes de camp, en pleine nature, une telle force spirituelle que nous en avons été marquées à vie. Soyez-en ici remercié.
Ces dernières années, nous avons retrouvé avec vous le plaisir des discussions sans fin sur le Moyen-Orient, l’Algérie, ces problèmes que vous connaissiez si bien. Votre dernier livre en est l’éclatant témoignage. Et le plaisir, aussi, de ce récent voyage en Terre Sainte, pendant lequel vous nous avez appris à marcher sur les pas du Christ.
Votre retour à la Maison du Père n’est pas la finalité de votre voyage, vous le savez : vous devez encore veiller sur nous.
Monsieur Nabil Sourour,
de l’Association des Coptes de France
Cher Monseigneur Pierre Boz,
Vous êtes en solidarité avec les Coptes dans la voie de leur douleur et de leur calvaire – ces premiers chrétiens du Moyen-Orient, les Coptes d’Egypte.
Vous avez toujours dit que les Coptes sont une composante essentielle de la construction de la civilisation humaine. Cette phrase, vous l’avez souvent prononcée à l’occasion de votre participation aux activités relatives aux droits de l’homme réalisées par l’Association des Coptes de France au fil des décennies à Paris.
En attendant les promesses divines, nous vous disons adieu, Monseigneur Boz,
et nous avons confiance dans les promesses divines par Notre Seigneur Jésus-Christ.
Notre bien aimé Monseigneur Pierre Boz, nous confions désormais votre âme dans les mains de la Divine Miséricorde éternelle.
Madame Colette Ducos-Ader,
Groupe de recherches des Français disparus en Algérie
Monseigneur, Cher Père,
C’est au nom de ce groupe de recherches auquel vous apparteniez et des familles des personnes enlevées et portées disparues pendant la guerre d’Algérie que je m’exprime ici.
Vous avez été l’assistant de Monseigneur Lacaste à Oran et chargé de mission par le cardinal Feltin pour faire la lumière sur ces disparitions.
Nous vous remercions, Monseigneur, cher Père,
pour avoir défendu notre droit de savoir ce qu’étaient devenus ceux dont la trace s’est perdue,
pour avoir été notre porte-parole auprès des autorités de l’Eglise et de l’Etat,
pour le courage, oui, le courage dont vous avez fait preuve le 5 juillet 1962 à Oran en sauvant de la mort des jeunes femmes et leurs enfants et à d’autres reprises, au péril de votre vie, pour enquêter en Algérie sur le sort des disparus,
pour avoir été présent auprès de nous et dans nos familles dans les moments de joie comme ceux de tristesse,
pour avoir écrit ce livre magnifique : Une fin des temps. Fragments d’histoire des chrétiens en Algérie, dans lequel, embrassant du regard une période trouble et obscure, vous témoignez avec foi, autorité et audace,
sur les rapports complexes de l’Eglise et des Chrétiens d’Algérie,
sur les crimes commis sur les religieuses et les religieux, jusqu’à l’exécution des moines de Tibhirine,
sur l’Eglise des pieds noirs et sur la communauté des chrétiens kabyles à laquelle vous étiez si profondément attaché.
Homme de foi, de grande culture, de convictions, d’ouverture à tous quelle que soit sa religion,
pour tout cela, Monseigneur, vous avez droit à notre infinie reconnaissance et notre grande, indéfectible et respectueuse affection.
Madame Denise Dumolin,
de Radio Notre-Dame
Cher Pierre,
Une semaine déjà que nous voici dans la peine et en chagrin, tant il était impensable de ne plus voir votre sourire et de ne plus entendre votre voix…
Et pourtant… Nous devrions être dans la joie, car il est évident que le Seigneur vous a accueilli à bras ouverts :
« Entre dans la joie de ton maître, bon et fidèle serviteur.
Tout ce que tu as fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à Moi que tu l’as fait ! »
D’ailleurs, c’est sûrement vous qui lui avez inspiré les portraits, courant dans tout l’Evangile :
– le bon Samaritain : c’est vous.
– le père prodigue : c’est vous – votre bureau ne fut-il pas le plus grand confessionnal de Paris ?
– le semeur : c’est vous, lançant à pleine volée tout ce que vous aviez reçu.
– le bon pasteur : c’est encore vous !
Il n’y a qu’une figure que vous n’avez jamais incarnée : celle de votre saint patron reniant Jésus,
au coin d’un feu de bois !
Parmi les innombrables histoires qui ont émaillé nos trente ans d’amitié, je n’en citerai qu’une, tellement emblématique.
Elle concerne l’icône de saint Matthieu qui orne le beau livret de cette messe.
Lorsque vous avez su qu’elle était en vente, vous m’avez demandé si l’argent des pauvres pouvait être destiné à son rachat.
Je vous avais répondu, spontanément, que l’icône était, par excellence, le sacrement des pauvres. Et, dès lors, elle a porté la prière de milliers d’hommes et de femmes.
A propos de « Grain d’Espoir », faut-il ajouter que votre nuit du jeudi au vendredi était souvent passée en prière pour savoir quelle situation vous alliez choisir et comment vous alliez la présenter aux auditeurs ?
Jamais le nom de Père n’a été aussi bien porté : pour tous, vous demeurez « le Père BOZ ».
Pas seulement pour votre cœur, mais aussi pour votre intelligence, toute aussi vaste.
Les Ecritures, expliquées par vous, c’était comme à Emmaüs…
La clé du mystère ? La prière !
Quiconque vous a vu prier a eu l’expérience de la Transfiguration…
Un jour, lorsque nous arriverons face au Seigneur, c’est vous qui serez à ses côtés, masquant nos fautes et nos imperfections, et nous faisant franchir la porte .
En attendant, toutes nos grandes amitiés partagées demeurent !
Cher Pierre, un infini « Merci » !
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Une plaque nominative de mémoire sera apposée sur le mémorial de Notre Dame d’Afrique à Théoule sur Mer
le 1er mai 2013, date du pèlerinage annuel.
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Discours de Jean-Felix Vallat prononcé ce vendredi 5 juillet 2024:
Monsieur le directeur de cabinet de Mme la secrétaire d’Etat aux anciens combattants et de la mémoire, chargée des rapatriés : Thierry LAURENT
Monsieur le directeur adjoint de l’Office National des Anciens combattants et des Victimes de Guerre, chargé des rapatriés : Général Eric MAURY
Mesdames et Messieurs les parlementaires (Madame la députée Michèle Tabarot, Monsieur le sénateur Philippe TABAROT, Mesdames et Messieurs les élus régionaux, départementaux : François Marie DIDIER, (mairie de Paris)
Messieurs les représentants de l’association des soldats disparus en Algérie SOLDIS : Général Pascal VINCHON
Messieurs les représentants du Président du Secours Français : M. Paul LUNG
Mesdames et Messieurs les Présidents d’associations de rapatriés et de harkis ou leurs représentants et leurs amis métropolitains,
Mesdames et Messieurs,
8 avril 1962 : le peuple français par referendum adoptait à 90,6 % des suffrages exprimés les accords d’Evian signés le 18 mars avec un cessez-le feu fixé au lendemain. En procédant à cette consultation, le Président De Gaulle a ignoré avec superbe l’avis négatif du Conseil d’Etat selon lequel, en excluant du corps électoral les citoyens des 15 départements français d’Algérie-Sahara, la constitution avait été gravement transgressée.
En effet, conformément à l’article 3 de la Constitution sont électeurs tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques. Cette disposition traduit en termes simples un principe cardinal de la République : la souveraineté du peuple est indivisible et aucune fraction de celui-ci ne peut s’approprier son exercice.
1er juillet 1962 : un referendum organisé en Algérie ratifie les accords d’Evian avec 99,72 % des suffrages exprimés. Ce score, semblable à celui obtenu dans les pays ou la démocratie est un simulacre, comporte un résultat affaibli par l’exode progressif des européens (450.000 départs en mai-juin) et le déchainement des violences (469 civils européens assassinés par le FLN après le 19 mars et 651 civils portés disparus entre la même date et le 1er juillet.
5 juillet 1962 : c’est Oran qui bascule dans l’épouvante. Dans la passivité coupable de l’armée française dans le Grand Oran, c’est 353 personnes disparues, 362 personnes dont le décès a été constaté, et en tenant compte des cas incertains, on dénombre 700 victimes européennes disparues ou assassinées au cours des journées dramatiques d’Oran entourant la célébration de l’indépendance par le FLN.
Le président de la République à l’Elysée le 26 janvier 2022, en recevant les rapatriés d’Algérie, a déclaré que le massacre du 5 juillet 1962 devait être regardé en face et reconnu.
Je fais mienne cette perspective et souhaite sa mise en œuvre pour apaiser la souffrance des familles des enlevés, ni morts ni vivants, ensevelis dans les limbes d’un inacceptable oubli.
Pour les tenants d’un anticolonialisme fanatique et sans nuance, pour qui le FLN avait toute légitimité pour utiliser la violence la plus extrême alors que les européens d’Algérie devaient s’abstenir de toute résistance à l’expulsion de leur terre natale, le 5 juillet est un épisode accessoire. En revanche ils se réjouissent de l’adoption par l’Assemblée nationale de la résolution du 24 mars 2024 demandant au gouvernement la création d’une journée annuelle de commémoration de la répression brutale de la manifestation algérienne du 17 octobre 1961 à Paris.
Les rapatriés qui sont les survivants ou les héritiers de cette France de l’autre côté de la Méditerranée sont fondés, sans esprit de revanche mais avec la force de leur bon droit, de souhaiter que la reconnaissance par le Chef de l’Etat du massacre du 5 juillet 1962 aboutisse à la création d’une journée nationale dédiée à tous les disparus, civils, harkis et militaires de la guerre d’Algérie.
Enfin, nous avons choisi cette date symbolique du 5 juillet pour ouvrir officiellement au public internaute l’accès au site "Graines de Mémoire". Ce beau projet est le fruit d’une collaboration de plus de deux ans entre le GRFDA (Groupe de Recherche des Français Disparus en Algérie), la MAFA (Maison des Agriculteurs et des Français d'Afrique du Nord), et l’Association Soldis Algérie, avec le soutien sans faille de la Fondation pour la Mémoire de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie pour sa conception et sa mise en œuvre. Nous remercions également les donateurs qui ont permis la finalisation du projet, particulièrement le ministère des Armées, la Fondation pour la Recherche Historique sur l’Algérie et l’Afrique du Nord (FRHA), le Secours de France ainsi que d’autres nombreux donateurs, associations ou particuliers. Cette initiative a pour vocation de mettre à l’honneur les victimes militaires et civiles français d’Algérie durant le conflit de la guerre d'Algérie, afin que leurs noms ne soient jamais oubliés. Site interactif, comprenant des documents certifiés par des institutions nationales et internationales, il met à disposition une plateforme innovante dédiée aux personnes disparues pour faire connaitre leur souffrance en y accédant à partir de n’importe quelle région du monde. Il a également l’ambition de leur apporter une sépulture digitale qui permettra à leur famille d’aller s’y recueillir.
N’oublions jamais !

Lancement de la page LinkedIn de la MAFA
Le 28/04/2024
Annonce Officielle - Lancement de notre Page LinkedIn
Nous sommes heureux de vous annoncer la création officielle de la page LinkedIn de la Maison des Agriculteurs et des Français d'Afrique du Nord (MAFA). Cette nouvelle étape s'inscrit dans notre mission de longue date : défendre les intérêts des agriculteurs et des communautés françaises d'Afrique du Nord, tout en mettant en lumière les tragédies et les disparus de l'Algérie.
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